Voies Navigables de France veut revaloriser trois sites emblématiques de Toulouse

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Avatar de l'auteur "Amélie CARALP" Amélie Caralp

le 06 octobre 2021

[ mis à jour le 03 janvier 2022 ]

SOMMAIRE

Voies Navigables de France (VNF), gestionnaire de 450km d’eaux fluviales, de Bordeaux à Marseillan, a lancé une étude pour valoriser et faire connaitre son patrimoine. Plus précisément le Canal du Midi, et trois sites d’exception assez peu connus des toulousains.

Pour ces sites importants, plusieurs projets avaient été avortés, car jugés trop peu respectueux du patrimoine existant. L’enjeu pour VNF est aussi de rendre plus visible son action, tout comme son patrimoine. Plus question donc de mettre en place des projets qui fâchent les riverains comme cela fut le cas en 2018.

Pour l’heure, le projet n’est qu’à la phase d’étude mais s'inscrit dans une volonté plus grande de remettre en valeur le Canal du Midi et son patrimoine, connu et moins connu. Bien qu’il ne devrait pas y avoir d’imposante résidence, les sites de VNF sur le Canal du Midi devraient accueillir leur lot d'appartements neuf à Toulouse.

©thieury - Shutterstock

Trois sites remarquables à revaloriser

Sur l’ensemble de son patrimoine, VNF a identifié trois sites emblématiques, méconnus du grand public, à revaloriser et faire connaitre. Il s’agit du bassin des filtres, des cales du Radoub et du Château du port Saint-Etienne. Ces sites, propriétés de l’Etat, ne sont pour l’instant que très peu exploités et VNF souhaite leur offrir une nouvelle jeunesse.

“Ce sont trois pépites. Écrin de verdure, le Bassin des Filtres est un plan d’eau entouré d’arbres qui assurait la liaison entre la Garonne, le Canal du Midi, de Brienne, le canal latéral par le bassin de l’Embouchure. Créée en 1850, la cale du Radoub, où les péniches viennent se refaire une beauté est inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité.”

Alexis Palmier, chef du Service Développement à VNF

Cette revalorisation des bâtiments remarquables de VNF viendra s’inscrire dans le projet urbain du futur Grand Parc Canal, concernant le Canal du Midi, le Canal de Brienne et le Canal Latéral. Ce sont donc 18,5km de verdure qui seront ajoutés sur les berges des canaux, afin de permettre “leur recalcification pour une meilleure accessibilité et la valorisation des lieux singuliers qui jalonnent leur tracé”.

©Colibri Vision - Shutterstock

Le bassin des filtres

Le bassin des filtres est un véritable havre de paix, bordé de verdure, au cœur d’un périmètre délimité par le port de l’Embouchure, les allées et le canal de Brienne, la rue des Amidonniers, la piscine et la cité de Chapou. L'endroit est un authentique coin de verdure en cœur de ville. La zone, détenue en grande majorité par VNF, a semble-t-il été délaissée depuis quelques années, laissant place à une grande prairie, en lieu et place de certains des chalets rasés il y a quelques années.

Ce sont ces chalets justement qui vont faire l’objet d’un renouveau, à en croire VNF. Construites au début des années 1950 pour loger les agents VNF appelés à intervenir sur les canaux, ces bâtisses étaient fabriquées en pans de bois démontables. Ce type de construction n’étant pas vraiment fait pour durer dans le temps, les logements vétustes ont été vidés de leurs habitants et squattés pendant quelques temps avant d’être démolis pour certains d’entre eux, côté Chapou.

L’objectif aujourd’hui pour VNF est de mettre à nouveau en valeur ce lieu oublié, et d’en faire profiter les toulousains. Si aucun projet n’a encore été acté, la réflexion est déjà engagée. Les chalets devraient laisser place à de l’immobilier neuf, respectant l’aspect patrimonial et paysager du lieu, puisque celui-ci se situe dans la zone de protection des bâtiments de France du bas-relief des ponts jumeaux.

“Autour du grand bassin des filtres, le paysage vert sera préservé, les chalets seront remplacés par des chalets du XXIe siècle, pas par des immeubles. Seule une étude de programmation a été réalisée. Les projets vont arriver seulement maintenant. Les habitants des chalets (agents VNF) sont d’accord avec le projet global, ils seront relogés dans les nouveaux bâtiments.”

Roland Bonnet, responsable de l’arrondissement de la Voie d’eau à VNF

Pour l'instant, quelques changements ont déjà été opérés sur le site et d’autres sont en cours. La “maison du barragiste” du côté des Amidonniers, a été "murée pour éviter d'être squattée, un appel à projets sera lancé pour accueillir une activité transitoire (petite restauration, association..) en attendant une utilisation pérenne définie par le projet", selon Alexis Palmier, responsable du service Développement Voie d’eau pour VNF Sud-ouest. La “maison de l’horloge” quant à elle, côté Brienne cette fois, accueillera la Fondation du Patrimoine qui intervient notamment sur l’aqueduc des voûtes du Canal.

Les cales de Radoub

© MathieuMD - Wikimedia Commons

Autre site faisant partie du patrimoine de VNF sur le Canal du midi, les cales de Radoub et leur bassin. Cet endroit, conçu et construit entre 1834 et 1839, est encore en activité aujourd’hui.

Il s’agit en fait de quatre bassins, les “cales de radoub” qui servent à la mise à sec des bateaux afin de pouvoir y effectuer des réparations. Les cales sont disposées autour d’un vaste bassin central. Des ateliers et entrepôts sont également présents sur le site. L’une des cales de radoub est ouverte au public, mais le lieu reste globalement peu connu.

Abritant plus de 40 employés de VNF et autres partenaires, les cales de Radoub sont un lieu primordial pour les usagers du canal. Le lieu, disposant d’une architecture particulière et splendide, mérite probablement d’être mieux mis en avant. Son hangar et sa gare couverts ainsi que son bassin sont inscrits au titre des Monuments Historiques. Et seront plus que probablement intégré dans le projet de revalorisation patrimoniale du canal et de ses pépites.

“Cette démarche de revalorisation est importante, reste à trouver les financements… Concernant la Cale du Radoub, nous ne doutons pas que le département proposera une aide de 2M d’€ comme pour le Port Technique de Ramonville...”

Valérie Piganiol, Toulouse au Fil de l’O

LE PATRIMOINE CANAL DU MIDI Les Cales de Radoub from Voies Navigables de France (VNF) on Vimeo.

Le château du Canal

Dernier lieu emblématique à entrer dans le giron des ambitions de revalorisation patrimoniale de VNF, le Château du port Saint-Etienne. Ancien tribunal de la seigneurie du canal, il fut bâti en 1715 par les fils de Pierre Paul Riquet. Après 1789, le bâtiment est converti en habitations occupées par des agents du canal, dont le dernier partira en 2002. Il est désaffecté depuis.

L’enjeu de revalorisation de ce bâtiment est donc tout autre que pour les cales de Radoub par exemple, puisque celles-ci sont encore en activité. Ici, il s’agit de restaurer le bâtiment, de le réhabiliter afin de lui trouver une nouvelle activité.

“On ne touchera pas au siège territorial ni aux archives du canal mais le château du canal sera réhabilité et pourrait accueillir une nouvelle activité tertiaire.”

Roland Bonnet

Zoom sur l’architecte qui étudie le projet

Bien qu’encore à l’état de projet, une étude a été commandée afin de réfléchir à un véritable projet urbain sur le secteur appartenant à VNF. Le cabinet parisien l’Atelier d’Architecture Philippe Prost s’est vu confier l’étude urbaine et d’aménagement.

Pour mener le projet au mieux, VNF a donc choisi de s’entourer d’un architecte de renom. Multi récompensé, on doit notamment à Philippe Prost la restructuration de la chambre de commerce de Lille, la restauration du château Rothschild, le reconversion de l’usine Lesieur dans le quartier Bassin à Flots à Bordeaux, la construction de la cité des Electriciens à Bruay-la-Buissière (pour laquelle il a reçu le Geste d’or - Architecture, Urbanisme et Société) ou la réhabilitation de l’hôtel de la Monnaie à Paris (Geste d’argent en 2018).

Un projet en débat

Comme tout projet d’envergure touchant à la préservation d’un patrimoine naturel et architectural, la revalorisation des sites de VNF a soulevé beaucoup de questions et de débats. Il faut savoir qu’un premier projet a été avorté en 2018. Celui-ci prévoyait la construction d’un ensemble immobilier de très grande ampleur, du côté du boulodrome du Tracassin, qui aurait “défiguré le site” selon la CGT VNF, qui s’est battue pour que le projet soit abandonné.

Ce qui est désormais reproché à VNF par la CGT, c’est de ne plus vouloir loger ses employés dans les chalets normalement prévus à cet effet. Le syndicat reproche aux Voies Navigables de France d’avoir préféré murer la maison du barragiste que de la réattribuer. Pour l’heure, une ginguette y a posé ses valises, mais un appel à projet de VNF a été passé afin d’installer, dès novembre 2021, une activité permettant de créer un point d’animation sur le site jusqu’à fin 2024.

Autre reproche adressé à VNF, celui de vouloir désormais revenir avec un projet au périmètre élargit, puisqu’il inclut désormais les cales de radoub et le château. La ville se dit quant à elle “très attentive au dossier”.

La valorisation et l’exploitation du Canal du Midi

Le projet de revalorisation des bâtiments emblématiques de VNF s’insère en fait dans un projet plus large de mise en valeur et de meilleure utilisation du Canal du Midi. Ces derniers mois, le Canal a effectivement été remis au centre des attentions à plusieurs reprises, notamment lors du lancement de la marque Canal du Midi. Des évènements qui démontrent l’envie de VNF et de la Ville de Toulouse de mettre à profit le patrimoine offert par le Canal du Midi.

La création de la marque Canal du Midi

©paul prescott - Shuttertsock

Inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1996, le Canal du Midi s’est doté de sa propre marque depuis juillet 2021. Cela dans le but de promouvoir plus efficacement ce patrimoine et de valoriser les actions menées par VNF, l’Etat et les collectivités partenaires, d'une seule et même voix grâce à des opérations de plus grande envergure.

Avec ses 10 000 passages de bateaux chaque année, le Canal du Midi est la première destination touristique fluviale en France, mais aussi en Europe. Soit aussi 30% de trafic fluvial français. Un patrimoine riche et important donc, qu’il faut préserver et valoriser. D’où la création de cette marque, permettant de créer une forte identité au Canal...et d’en profiter pour capitaliser sur ce patrimoine à l’aide de produits dérivés.

Mais surtout, la création de la marque permettra un fort investissement autour de gros chantiers nécessaires à la préservation du Canal du Midi. La vente de produits dérivés devrait ainsi permettre en partie de répondre à ces besoins. Selon Thierry Guimbaud, directeur général de VNF, chaque année, la restauration du Canal “coûte 20 millions d’euros et la reconstitution de la voûte arborée, pour faire face au chancre coloré, représente un projet de 200 millions d’euros à terme”.

L’Etat a également débloqué d’importants moyens pour permettre ces grands chantiers, en signant une Convention d’Objectifs et de Performances (COP), dotant VNF d’une enveloppe de 3 milliards d’euros sur 10 ans.

Vers une reprise du fret fluvial ?

Alors même qu’il a disparu depuis les années 80, le fret pourrait bien faire son retour sur les eaux du Canal du Midi, signe encore de cette volonté de mise à contribution du patrimoine existant. L’objectif ? Désencombrer les routes du centre-ville et réduire la pollution.

VNF, en partenariat avec Toulouse Métropole, vient d’ailleurs de lancer un AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) pour espérer trouver une compagnie intéressée pour relancer de la logistique urbaine sur le Canal du Midi. Avec l’ouverture de la plateforme logistique de Fondeyre de plus de 20 000m², permettant le transit de 50 000 à 60 000 colis par jour, l’occasion était trop belle. Pourquoi ne pas en profiter pour tenter un retour du fret fluvial en faisant transiter les colis par le Canal plutôt que par la route ?

Faire renaître l’activité de fret fait donc partie des objectifs de VNF pour le Canal du Midi. La plateforme de Fondeyre, à proximité du Canal pourrait y aider. Une reprise d’activité qui aurait de nombreux avantages : en plus de booster l’économie toulousaine par la création d’emplois, le transport de marchandise par voie fluviale permettrait de draguer naturellement le Canal, c’est à dire empêcher l’accumulation de vase au fond de celui-ci. Ce mode de transport présente également un fort potentiel écologique et s’inscrit donc parfaitement dans l’air du temps.

“Le transport fluvial a des avantages environnementaux. À charges égales, il émet quatre à six fois moins qu'un camion doté d'un moteur thermique, sans parler du fait que cela réduirait les nuisances sonores et les camions dans le centre-ville."

Ghislain Frambourt, directeur adjoint de VNF à Toulouse, en charge du dossier

Quel impact sur le dynamisme économique de Toulouse ?

Avec la création de sa propre marque, le Canal du Midi devient encore plus emblématique que ce qu’il n’était jusque-là, lui donnant une visibilité encore plus forte dans le secteur fluvial. Et qui dit visibilité et attractivité accrues, dit création d’emplois et d’opportunités de plus en plus nombreuses. Tendance qui se confirmerait si la reprise du fret se faisait comme souhaitée. Un nouveau trafic maritime se créerait alors, amenant avec lui son lot d’emplois et d’activités parallèles.

La création du Grand Parc Canal pourrait quant à lui attirer de plus en plus de résidents sur les abords du Canal du Midi, déjà très prisé. Des nouveautés qui vont très probablement booster le dynamisme économique du secteur, tout comme le logement dans les quartiers alentours.

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