Occitanie : une aire urbaine aussi attractive que sa capitale

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Avatar Gwennaëlle BOURDON Gwennaëlle Bourdon

le 02 juillet 2020

[ mis à jour le 12 novembre 2021 ]

SOMMAIRE

Une récente étude de l’Insee révèle que les villes périphériques de Toulouse attirent presque autant que la ville rose elle-même. Quelles sont ces communes qui polarisent les mouvements migratoires entrants et pourquoi ?

20.000 nouveaux habitants par an dans l’aire urbaine de Toulouse

Selon une étude publiée par l’Insee le 25 octobre 2019, en collaboration avec l’Agence d’urbanisme et d’Aménagement de Toulouse (Aua/T), l’Occitanie a absorbé en 2014 (année de référence de l’étude), près de 147.000 nouveaux résidents. Ce flux entrant fait de la région, la troisième en matière d’attractivité, derrière l'Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. Parmi ces néo-occitans, plus d’un tiers se sont installés au sein de l’aire urbaine de Toulouse, soit près de 60.000 personnes. Pour Sylvain Alassert, de l’Aua/T, ce dynamisme démographique s’explique en partie par un solde naturel positif (12.000 personnes) et par un solde migratoire important (60.000 arrivées pour 52.000 départs, doit 8.000 personnes).

“À titre de comparaison, ce solde migratoire est de +11.000 à Bordeaux, +7.000 à Nantes, +5.200 à Montpellier et +2.200 à Lyon" - Extrait de l’interview de Sylvain Alasset de l'Aua/T, réalisée par La Tribune Occitanie - Toulouse.

Une organisation métropolitaine propice aux échanges

La métropole toulousaine présente une caractéristique singulière : 17 communes de taille moyenne forment une étoile autour de Toulouse, dont la superficie est bien supérieure à celle des autres villes. Cette disposition géographique compose un véritable système métropolitain “propice aux échanges et à la mise en réseau des territoires” selon les mots de Noémie Montcoudiol et Vincent Ance, responsables de l’étude statistique.

Alors que la ville rose affiche un poids démographique sans pareil, on aurait pu s’attendre à des déplacements inégaux entre la capitale occitane et le reste de l’aire urbaine. Contre toute attente, l’étude montre que les déménagements vers les communes périphériques sont presque aussi nombreux que le mouvement inverse. En 2014, 8.400 personnes habitant en périphérie de Toulouse ont rejoint la ville rose tandis que 6.500 personnes ont fait le chemin opposé (Toulouse > périphérie). Pour exemple, si 1.080 personnes ont quitté Montauban pour Toulouse (hors étudiants au cours de l’année 2014), ce ne sont pas moins de 1.130 Toulousains qui ont adopté la vie montalbanaise. De même, 625 Toulousains ont emménagé à Albi alors que dans un même temps, 562 Albigeois ont embrassé le mode de vie toulousain.

“Nous voulions vérifier cela. Et il apparaît que Toulouse ne mange pas tout, elle ne désertifie pas autour d’elle” - Extrait de l'interview de Séverine Pujol, de l’Insee, réalisée par le Journal Toulousain.

L’étude souligne que des disparités se font toutefois sentir entre les 17 communes périphériques de Toulouse : ”Figeac et Albi gagnent des habitants dans leurs échanges avec Toulouse, alors que Rodez, Castres ou encore Carcassonne en perdent”. Au rang des villes qui attirent particulièrement les Toulousains, l’on peut citer Montauban, Albi, ou encore Saint-Gaudens.

Montauban

596, c’est le nombre de nouveaux arrivants au sein de la ville d’Ingres en 2019, selon le dernier recensement réalisé par le service “Vie des quartiers”. À l’échelle de l’agglomération montalbanaise, ce sont environ 1.000 habitants qui affluent chaque année.

D’après les analyses de l’Insee, les mouvements migratoires partant de Toulouse pour aller vers Montauban sont réalisés en majeure partie par des personnes actives, dont la moitié ont un emploi. En effet, parmi ces personnes, 35% travaillent à Toulouse et effectuent des navettes entre la capitale occitane et leur résidence montalbanaise. D’autre part, il est à noter que ce sont principalement des couples qui quittent la ville rose pour Montauban dont un quart ont des enfants. C’est la plus forte proportion constatée pour cette population en ce qui concerne les départs de Toulouse vers une autre aire urbaine du système. En revanche, les départs de Montauban pour Toulouse sont moins nombreux qu’ils pourraient théoriquement l’être.

"Ces échanges résidentiels plus limités qu'attendu ont pour contrepartie de nombreux trajets domicile-travail entre les deux villes. La proximité des zones résidentielles du sud de l'aire urbaine de Montauban, avec les pôles d'emploi liés à l'aéronautique au nord-ouest de Toulouse, ainsi que les conditions d'accès favorables (offre ferroviaire, autoroute...) favorisent ces déplacements quotidiens. Ainsi, parmi les actifs en emploi habitant dans l'aire urbaine de Montauban mais n'y travaillant pas, la moitié vont chaque jour travailler dans l'aire urbaine de Toulouse" - Extrait de l’étude “Système métropolitain toulousain : étudiants et actifs en emploi au cœur des échanges migratoires”, Insee analyses occitanes N°80, parue le 25/10/2019.

Albi

Fortes d’une offre de formation variée, Toulouse principalement, mais aussi Albi et Tarbes, captent la majorité des déménagements des étudiants.

Le Grand Albigeois est un territoire qui se trouve au centre de nombreux échanges. Il attire beaucoup d'actifs et surtout des étudiants. Ces populations jouissent d’une offre de commerces diversifiée, d’équipements sportifs et de services sanitaires et sociaux. En effet, au sein du Grand Albigeois est implanté un pôle de santé comprenant toutes les spécialités médicales. Les Toulousains qui quittent leur ville pour Albi le font aussi pour l’offre de formation spécifique de “la ville rouge”. En effet, à Albi se trouve l’École nationale supérieure des Mines d’Albi-Carmaux qui offre un enseignement reconnu à l’international dans un cadre à taille humaine.

“École du ministère en charge de l'industrie, l'École nationale supérieure des Mines d'Albi-Carmaux fait partie de l’Institut Mines-Télécom, qui est aujourd'hui le premier groupe d’écoles d’ingénieurs et de management de France. IMT Mines Albi est aussi membre associé de l'Université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées et partenaire de très nombreuses institutions et universités prestigieuses en France et à l'international. Ces partenariats privilégiés font d'elle une grande école et un pôle de recherche accueillants, riches en opportunités, en perspectives économiques et professionnelles” - IMT Mines Albi-Carmaux.

Le classement de la cité épiscopale au patrimoine mondial de l'Unesco a également renforcé l’attractivité touristique d’Albi. La capacité d'accueil en nombre de lits d'hébergement y est, par conséquent, légèrement plus élevée que dans les agglomérations de même importance.

Saint-Gaudens

Au sein de la population qui migre de Toulouse vers Saint-Gaudens, on compte 31% d’ouvriers. C’est l’une des proportions les plus élevées pour ce type de public avec la ville de Tarbes (34% d’ouvriers en provenance de Toulouse). À titre de comparaison, seuls 13% des personnes migrant vers Albi sont des ouvriers. Ces données s’expliquent grandement par la présence, sur le territoire Saint-Gaudinois, de l’entreprise spécialisée dans la papéterie : Fibre Excellence. La société, qui emploie près de 300 personnes sur son site, induit par ailleurs 2.500 emplois locaux et régionaux en raison de son activité.

“Les ouvriers sont parfois plus nombreux en proportion dans les échanges de population entre villes moyennes : ainsi, pour 10 actifs en emploi qui déménagent de Villeneuve-sur-Lot à Agen ou de Foix à Pamiers, 4 sont ouvriers” - Extrait de l’étude “Système métropolitain toulousain : étudiants et actifs en emploi au cœur des échanges migratoires”, Insee analyses occitanes N°80, parue le 25/10/2019.

Quelle incidence sur les politiques publiques ?

Les choix résidentiels qui se font au sein de l’aire urbaine de Toulouse amplifient les échanges quotidiens aussi bien dans un sens que dans l’autre (de Toulouse vers la périphérie et de la périphérie vers Toulouse). Ces mouvements sont générateurs de besoins pour les personnes qui déménagent, notamment lorsqu’elles conservent leur emploi dans une autre ville que celle où elles résident. C’est la raison pour laquelle, l’état des lieux dressé par l’Insee en lien avec l’Aua/T constitue une véritable mine d’informations pour les élus à l’orée de la mise à jour, en 2020, du projet de territoire et du schéma de cohérence territoriale. Ces statistiques permettent en effet, de comprendre les futurs habitants pour répondre à leurs attentes en matière de logement, de service, de transport ou d’équipement public.

SOURCES
  • Institut national de la statistique et des études économiques - “Système métropolitain toulousain : étudiants et actifs en emploi au cœur des échanges migratoires”;
  • La Tribune Occitanie Toulouse - “Attractivité : qui sont les nouveaux arrivants à Toulouse?” ;
  • Le Journal Toulousain - “Une étude de l’Insee démontre que Toulouse ne dévore pas ses voisines”
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