La Tour Occitanie est validée par le Conseil d'État mais le chemin reste long...
SOMMAIRE
- La Tour Occitanie : l'aboutissement d'une bataille juridique de 6 Ans
- Le verdict final du Conseil d’État
- Les associations restent sur le pied de guerre
- Des incertitudes financières et techniques
- Des recours potentiels sur les permis modificatifs
- Un promoteur passablement agacé : « Ces gens sont des traitres au territoire »
- La Tour Occitanie : Une ambition architecturale hors normes
- Un programme multifonctionnel de luxe
- Une livraison prévue en 2030
Début novembre 2024, le Conseil d’État a levé le dernier obstacle juridique à la construction de la Tour Occitanie, premier gratte-ciel de la Ville rose. Une victoire pour le promoteur, la Compagnie de Phalsbourg ; une déception de taille pour des opposants qui ne s'avouent pas vaincus pour autant. Entre nouvelles études et réévaluation du budget, quelques obstacles demeurent avant un lancement des travaux prévu fin 2025. Focus...
La Tour Occitanie : l'aboutissement d'une bataille juridique de 6 Ans
En 2017, la Tour Occitanie est dévoilée au Mipim de Cannes, le salon international des professionnels de l’immobilier. Dessiné par l’architecte américain Daniel Libeskind, mondialement célèbre pour la conception de La One World Trade Center (qui a remplacé les tours jumelles), le gratte-ciel de 150 mètres de haut doit marquer une rupture architecturale sur la skyline toulousaine. Prévu dans le cadre du réaménagement du quartier Matabiau, ce projet entend symboliser le dynamisme économique et la modernité de la métropole.
Le permis de construire, accordé en juillet 2019, fut immédiatement contesté. Associations locales, militants environnementaux et riverains se sont mobilisés pour dénoncer un projet qu’ils jugeaient disproportionné, non concerté et peu respectueux des enjeux climatiques.
Parmi les associations les plus actives figurent Non au gratte-ciel de Toulouse, France Nature Environnement Midi-Pyrénées, et Amis de la Terre Midi-Pyrénées. Ces opposants, rejoints par trois particuliers, ont déposé plusieurs recours devant les juridictions administratives.
Le verdict final du Conseil d’État
Après une série de rejets en première instance et en appel, les opposants ont porté l’affaire devant le Conseil d’État, espérant faire annuler le permis de construire. Ils mettaient en avant des arguments liés à l’impact environnemental du projet, « une forme architecturale dépassée qui consomme un quart de plus d’énergie que des immeubles plus petits, pour une surface égale. » mais également la consommation d’eau et d’énergie liée aux jardins verticaux, ainsi que l’absence de logements sociaux.
Le 5 novembre 2024, la plus haute juridiction administrative française a déclaré leur pourvoi irrecevable, validant ainsi les décisions antérieures. Cette décision éteint définitivement toute contestation juridique du permis de construire et permet au promoteur, la Compagnie de Phalsbourg, de lancer les travaux.
Les associations restent sur le pied de guerre
Malgré la validation juridique, les opposants au projet ne désarment pas.
Dans un communiqué publié le 19 novembre 2024, l’association Non au Gratte-Ciel de Toulouse a tenu à clarifier plusieurs points concernant la construction de la Tour Occitanie. Tête de file des opposants au projet, l’association a souligné que, malgré la validation juridique du permis de construire par le Conseil d’État, plusieurs obstacles techniques, financiers et administratifs pourraient encore compromettre sa réalisation.
Des incertitudes financières et techniques
Selon le communiqué, la Compagnie de Phalsbourg, promoteur du projet, n’est pas encore pleinement engagée dans sa mise en œuvre. L’association rappelle que la démolition partielle de l’ancien tri postal, sur le site de la future tour, a été réalisée sous l’égide de SNCF Réseaux, propriétaire actuel du terrain. Or, le permis de construire de la Tour Occitanie, délivré en 2019, intègre également le permis de démolir.
Le financement du projet reste également un sujet clé, que l’association qualifie de "nerf de la guerre". Si la construction du building chiffrait à 130 M en 2017, la hausse du cout de l'énergie et des matériaux pourraient considérablement faire grimper la facture.
Par ailleurs, le calendrier des travaux de la troisième ligne de métro, piloté par Tisséo, a bouleversé les conditions initiales du projet. Le tunnel de la future ligne doit passer sous le site de la Tour Occitanie, mais les premières études de sol, réalisées pour un chantier censé précéder les travaux du métro, doivent être refaites pour tenir compte de cette inversion.
Enfin, le communiqué précise que la loi sur l’eau impose une étude spécifique sur la gestion des ressources et des impacts hydrauliques, étude que le promoteur n’a pas encore réalisée.
Des recours potentiels sur les permis modificatifs
Bien que les recours initiaux concernant le logement social et le permis de construire aient été purgés, l’association n’exclut pas de nouvelles actions en justice. Selon elle, les éventuels permis modificatifs pourraient soulever des vices propres, en particulier sur des aspects liés à la sécurité des riverains et des nombreux voyageurs qui fréquentent quotidiennement le secteur de la gare Matabiau. Ces recours, selon l’association, ne visent pas à retarder le projet sans raison mais à garantir la sécurité et le respect des réglementations en vigueur.
Un promoteur passablement agacé : « Ces gens sont des traitres au territoire »
Dans une interview accordée à La Dépêche du Midi, Philippe Journo, président de la Compagnie de Phalsbourg, a réagi à la décision du Conseil d'État validant le permis de construire de la Tour Occitanie et mettant fin aux recours des opposants. S'il s'est dit « très contents, très concentrés et très humbles » face à cette décision, il a également exprimé une grande colère vis-à-vis des opposants, qui ont annoncé qu'ils attaqueraient tout permis de construire modificatif.
Philippe Journo a adressé un avertissement clair : « S'ils s'amusent à ça, nous les attaquerons en justice et nous leur demanderons totale réparation, ce qui reviendra à les ruiner. Parce que la réparation se chiffrera à 40 ou 50 M€. » Cette déclaration reflète son exaspération face à des recours qu'il considère comme nuisibles pour le territoire et les investisseurs. Il ajoute : « Ces gens sont des traîtres au territoire. »
Concernant l’avancement du projet, il a confirmé que des études sur les fondations et une nouvelle étude de marché seront nécessaires, compte tenu des changements de contexte depuis 2016. Il a également réaffirmé que l’architecture de la tour ne changera pas : « L'architecture n'est pas concernée : la Tour est sublime. »
Philippe Journo estime que les recours ont causé des surcoûts importants : « Si aujourd'hui, la Tour coûte 160 M€, je peux déjà chiffrer mon préjudice à 30 M€. Si les opposants bougent une oreille, je leur demande 30 M€ tout de suite. »
Malgré les obstacles, il se montre confiant quant à la commercialisation du projet : « Quand vous faites de l'exceptionnel, vous trouvez toujours des clients. » Il a rappelé le succès de ses précédentes réalisations, comme l’immeuble Iconic à Nice, et a annoncé que les travaux de la Tour Occitanie devraient débuter au quatrième trimestre 2025, avec une livraison prévue trois ans plus tard.
La Tour Occitanie : Une ambition architecturale hors normes
La Tour Occitanie sera le premier gratte-ciel de Toulouse, une ville historiquement dominée par des bâtiments à taille modérée. S’élevant à 150 mètres, cette tour de 40 étages incarnera une architecture résolument contemporaine. Ses façades vitrées en spirale, ponctuées de jardins verticaux, formeront un « ruban végétal » qui s’enroulera autour de l’immeuble, une conception inspirée par le Canal du Midi, patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996.
L’architecte Daniel Libeskind, qui s’est distingué par ses projets iconiques tels que le Musée juif de Berlin et le One World Trade Center à New York, signe ici une œuvre qui se veut à la fois écologique et spectaculaire. En collaboration avec le paysagiste Nicolas Gilsoul, il a imaginé une végétalisation de grande ampleur, une première dans ce type de construction.
Un programme multifonctionnel de luxe
Le projet initial prévoit une mixité d’usages, intégrant :
- 11 000 m² de bureaux ;
- 2 000 m² de commerces, destinés à dynamiser le quartier ;
- Une centaine de logements neufs, vendus à des prix allant de 10 000 à 12 000 €/m² ;
- Un hôtel Hilton 4 étoiles, pour accueillir touristes et voyageurs d’affaires ;
- Un restaurant-bar panoramique ;
- Des locaux SNCF, intégrés au socle du bâtiment.
Cette configuration hybride vise à répondre aux besoins économiques et résidentiels de Toulouse tout en renforçant son attractivité internationale.
La Tour Occitanie bénéficie du soutien du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, et la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. Ce gratte-ciel est perçu comme un symbole de l’ambition européenne de la métropole, déjà portée par des secteurs économiques dynamiques tels que l’aéronautique.
L'érection de la Tour Occitanie ou Occitania Tower s’inscrit dans un vaste plan de rénovation urbaine du quartier Matabiau, visant à en faire un hub économique et résidentiel de premier plan. La démolition de l’ancien tri postal, entamée en octobre 2024, marque une première étape concrète de cette transformation.
Une livraison prévue en 2030
Avec un investissement estimé à 130 millions d’euros, la Tour Occitanie représente bien plus qu’un simple bâtiment : elle symbolise l’entrée de Toulouse dans une nouvelle ère urbaine. Si le chantier débute comme prévu en 2025, la Ville rose pourrait accueillir son premier gratte-ciel d’ici 2030.
Jean Luc Moudenc se réjouit de cette victoire sur son compte X (ex Twitter).
Je me réjouis de la décision prise par le Conseil d’Etat en faveur de la Tour Occitanie, qui incarne une volonté nouvelle et une ambition forte pour Toulouse.
— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) November 6, 2024
Ce recours valide nos décisions, la modification du PLU, la régularité de la procédure et le permis de construire que… pic.twitter.com/aFRm9R7Ovx
Commentaires à propos de cet article :
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Ah ah ah, quelle blague. Cette association anticapitaliste s'est toujours servi de prétextes soi-disant écologiques ou réglementaires pour s'opposer à l'évolution de la ville. Mébaoudj le retraité voudrait vivre à la ville comme à la campagne.