Toulouse, place du Parlement : un chantier vert du programme « 100 000 arbres »
SOMMAIRE
- Une palette végétale méditerranéenne pour résister aux étés toulousains
- Une continuité paysagère entre Salin et Guesde
- Concertation et arbitrages : une transformation pas si consensuelle
- Les commerçants vent debout contre les sanisettes
- Entre soutien au verdissement et craintes économiques
- Un maillon du programme "100 000 arbres"
- Des aménagements pour cyclistes et piétons
- Livraison prévue pour fin mai 2025
- La carte du programme 100 000 arbres
- Base verte des Argoulets : création de micro-forêts
- Le Ramier : îlot sauvage en cœur de ville
- Rue de Metz : de l'ombre pour les piétons
- Quartiers de Bagatelle, Papus, Bordelongue et La Faourette : vergers urbains
- Quid de la suite ?
Work in progress pour le plan 100 000 arbres à Toulouse. La place du Parlement en chantier depuis le début de l'année achève son opération de verdissement. Postée entre les Carmes et la place du Salin, cette place emblématique du centre historique est l’une des dernières à bénéficier du programme de végétalisation lancé par la municipalité.
L’objectif ? Adapter l’espace urbain au réchauffement climatique , favoriser la biodiversité et rendre la ville plus agréable en été, en ménageant les attentes des riverains et commerçants. Ce réaménagement s’inscrit dans un projet global baptisé "100 000 arbres", initié en 2020 par la mairie.
Une palette végétale méditerranéenne pour résister aux étés toulousains
La place du Parlement, située à deux pas du palais de Justice et de la rue des Filatiers, était jusqu’alors un lieu principalement minéral. Son réaménagement vise à transformer ce carrefour urbain en un espace de respiration, plus vert, plus ombragé, mieux adapté aux pics de chaleur que connaît la métropole chaque été. Dans ce cadre, la mairie a engagé un chantier de plusieurs mois, débuté en janvier 2025.
Les aménagements comprennent la plantation d’une douzaine d’arbres — micocouliers, érables, arbres de Judée —, auxquels s’ajoutent des arbustes méditerranéens comme le romarin et la lavande. Ces plantations sont associées à des sols perméables : un sable stabilisé drainant remplace progressivement les revêtements bitumés, permettant une meilleure absorption des eaux pluviales et réduit les effets d’îlots de chaleur urbains.
Une continuité paysagère entre Salin et Guesde
Cette rénovation n'est pas isolée. Elle s’insère dans un maillage d’espaces verts en cours de déploiement, reliant les allées Jules Guesde, déjà largement végétalisées, à la place du Salin. Il s’agit là d’un des axes du "plan canopée" municipal, censé tisser des corridors écologiques à travers le tissu urbain dense du centre-ville.
La place du Parlement, avec ses façades historiques et ses terrasses de café, conserve toutefois son caractère patrimonial. Le mobilier urbain choisi, les revêtements et la disposition des arbres ont été pensés en concertation avec les architectes des bâtiments de France afin de respecter l’esthétique toulousaine.

Concertation et arbitrages : une transformation pas si consensuelle
Les commerçants vent debout contre les sanisettes
Dès l’annonce du projet, la mairie a lancé une concertation avec les habitants, commerçants et usagers de la place via la plateforme participative jeparticipe.metropole.toulouse.fr. Une réunion publique organisée en juin 2023 avait permis de recueillir les avis sur les plantations, l’aménagement piétonnier ou encore la circulation cyclable.
Mais c’est surtout la question des toilettes publiques qui a fait réagir. Initialement, la mairie envisageait l’installation d’une sanisette au centre de la place. Cette option a suscité une vive opposition : une pétition en ligne lancée en septembre 2024 a récolté plus de 250 signatures. Parmi les signataires, de nombreux restaurateurs estimaient qu’un tel équipement à proximité immédiate de leurs terrasses risquait de nuire à leur activité.
Face à cette levée de boucliers, la mairie a finalement renoncé au projet de sanisette sur la place, actant son retrait en janvier 2025.
Entre soutien au verdissement et craintes économiques
L’ambiance n’est pas totalement apaisée pour autant. Certains commerçants, bien que favorables à la végétalisation, expriment leur inquiétude face aux pertes de places de stationnement : neuf places ont été supprimées au profit de nouveaux arbres et d’une piste cyclable bidirectionnelle. Le propriétaire du bar-tabac "Le Stadium" redoute une baisse de la fréquentation liée à la réduction de l’accessibilité en voiture.
À l’inverse, d’autres commerçants se disent satisfaits des choix retenus, à l’image d’Adrien Lambert, patron du restaurant "Notes et Saveurs". Il salue l’abandon du projet de sanisette et se réjouit des nouveaux espaces verts qui, à terme, pourraient attirer davantage de promeneurs et donc de clients.
Un maillon du programme "100 000 arbres"
La place du Parlement fait partie d’un plan plus vaste lancé dès 2020 par la mairie de Toulouse : planter 100 000 arbres d’ici 2030 sur l’ensemble du territoire métropolitain. D’après les derniers chiffres publiés par Toulouse Métropole en avril 2025, près de 72 000 arbres ont déjà été plantés, en priorité dans les quartiers prioritaires mais aussi dans les espaces publics du centre-ville. Selon Jean-Luc Moudenc (Maire de Toulouse) l'objectif sera rempli à plus de 80% d'ici la fin de son mandat. Le budget alloué à ce plan est de 12 millions d’euros.
Ce programme répond à plusieurs objectifs : lutte contre les îlots de chaleur, amélioration de la qualité de l’air, développement de la biodiversité urbaine et adaptation aux aléas climatiques, notamment les fortes chaleurs estivales qui deviennent plus fréquentes et plus intenses.
Des aménagements pour cyclistes et piétons
La rénovation de la place s’accompagne également d’un renforcement des infrastructures cyclables. Une piste bidirectionnelle est en cours de finalisation, permettant de relier plus confortablement les Carmes aux allées Jules Guesde. Ce maillage est cohérent avec le Plan Mobilités 2025-2030 voté par la métropole, qui ambitionne de tripler la part modale du vélo à Toulouse d’ici cinq ans.

Livraison prévue pour fin mai 2025
La livraison du chantier est attendue pour fin mai 2025. Si la place du Parlement est encore en cours de finalisation, les premiers éléments installés — bancs, arbres plantés, pistes cyclables — laissent déjà entrevoir le nouveau visage du site. À terme, la mairie espère faire de ce lieu un point de rencontre apaisé, propice à la flânerie, tout en conservant son activité commerciale et sa fonction de passage.
Les marchés, parfois installés sur la place, devraient être maintenus, mais avec un nouveau dispositif logistique adapté à la configuration végétalisée. Des animations culturelles pourraient également y être proposées, notamment en période estivale.
La mutation de la place du Parlement est observée avec intérêt par les habitants d’autres quartiers du centre, comme Saint-Cyprien ou Saint-Aubin, où d’autres réaménagements similaires sont envisagés. La capacité de la mairie à concilier végétalisation, vie commerciale et patrimoine architectural est au cœur des débats sur l’avenir du centre-ville.
La carte du programme 100 000 arbres
Depuis le lancement du programme « 100 000 arbres » en 2020, Toulouse Métropole a entrepris de nombreuses plantations dans divers quartiers, visant à renforcer la végétalisation urbaine et à lutter contre les effets du changement climatique. Voici un aperçu des initiatives notables menées dans plusieurs secteurs de la ville.
Base verte des Argoulets : création de micro-forêts
En janvier 2024, la base verte des Argoulets a accueilli 5 000 arbres sur une superficie de 11 454 m². Cette initiative, menée en partenariat avec la fondation Life Terra et intégrée au programme « Mes idées pour mon quartier », a mobilisé écoles et habitants pour la création de trois micro-forêts.
Le Ramier : îlot sauvage en cœur de ville
Renfort de la ripisylve, stabilisation des berges, limite des risques d'inondation et amélioration de la qualité de l'eau... les missions sont nombreuses pour les 12 000 nouveaux arbres (entre autres, aulnes, saules et peupliers) qui habiteront l'île du Ramier d'ici fin 2025.
Rue de Metz : de l'ombre pour les piétons
La rue de Metz, artère chic et emblématique du centre-ville, a bénéficié d'un réaménagement orienté piétonisation mais également végétalisation. En avril 2025, 36 arbres ont été plantés entre le boulevard Carnot et la rue d'Alsace-Lorraine, accompagnés d'arbustes.

Quartiers de Bagatelle, Papus, Bordelongue et La Faourette : vergers urbains
Dans le cadre de l'opération « Mes idées pour mon quartier », une centaine d'arbres fruitiers ont été plantés en 2023 dans les quartiers de Bagatelle, Papus, Bordelongue et La Faourette. L'initiative, portée par l'association AlimEco, entend promouvoir l'agriculture urbaine, renforcer les liens sociaux et offrir aux habitants un accès direct à des fruits frais.
Quid de la suite ?
Sur les allées Charles de Fitte, la redistribution des usages en faveur des piétons et des cyclistes sera accompagnée de l’implantation de nouveaux îlots végétalisés entre les arbres existants. At last but not least, un verger urbain de 2 500 m² sera créé à proximité du Dôme de La Grave, avec des arbres fruitiers et des espaces accessibles à tous.
À Saint-Cyprien, les premières évolutions sont déjà visibles. En janvier 2025, douze arbres ont été plantés sur la place Olivier, à la suite de travaux de désimperméabilisation visant à mieux gérer les eaux pluviales et à réduire les phénomènes d’îlots de chaleur.
Dans le quartier Saint-Aubin, des interventions sont également en cours. Rue de la Colombette, une expérimentation vise à réaménager cette artère commerçante avec l’installation de plantes grimpantes, de marquages au sol et d’une arche végétalisée à son entrée. Ces éléments doivent contribuer à une requalification douce de la rue, en accord avec son usage piétonnier.
Enfin, sur la place Roquelaine, plus de 400 m² de bitume ont été retirés pour accueillir cinq arbres supplémentaires, venant compléter les sept déjà présents. Une aire de jeux a également été aménagée, transformant cet espace en lieu de vie de proximité.
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