Urbanisme à Toulouse : Le prochain PLUIH imposera des toits plus clairs
SOMMAIRE
- Réduire l’absorption de chaleur : une priorité pour la métropole
- Histoire & couleurs de la tuile toulousaine
- Une évolution durable de l’urbanisme
- Des teintes respectueuses du patrimoine
- Paléficat, quartier laboratoire de l'urbanisme durable
- Des logements plus frais en un coup de pinceau ?
- Comment ça fonctionne ?
- Un procédé encouragé par les réglementations environnementales
- Des solutions qui se multiplient
La Ville rose change de ton pour répondre au défi climatique : des tuiles aux tons plus clairs devraient progressivement envahir les toits pour soutenir la lutte contre les îlots de chaleur.
Toulouse Métropole envisage d’imposer, dans son futur PLUi-H, l’utilisation de toitures aux teintes plus claires pour les nouvelles constructions et rénovations. Cette mesure, qui pourrait entrer en vigueur en 2026, vise à réduire les îlots de chaleur urbains et à adapter le paysage architectural de la Ville rose aux enjeux climatiques, tout en respectant son identité patrimoniale. Focus
Réduire l’absorption de chaleur : une priorité pour la métropole
Histoire & couleurs de la tuile toulousaine
Symbole de l'identité architecturale de la Ville rose, la tuile toulousaine, en terre cuite, tire son origine des sols argileux de la région. Introduite à l'époque romaine avec la tuile canal, elle a évolué au fil des siècles pour devenir un élément incontournable des toitures locales, prisé pour sa résistance et son adaptation au climat.
La palette des tuiles toulousaines reflète les nuances chaleureuses de la terre cuite :
- Rouge vif : Typique des tuiles neuves.
- Rouge foncé et brun : Résultat du vieillissement et de l’oxydation.
- Ocre orangé : Présent dans les zones rurales.
- Grisâtres : Provoquées par le temps, la mousse ou la pollution.
Harmonisant les toitures avec les briques de la Ville rose, la tuile toulousaine contribue à l’identité visuelle unique de Toulouse. Problème, les toits traditionnels en tuiles rougeâtres, qui s’assombrissent au fil du temps, absorbent une quantité importante de chaleur, contribuant à l’augmentation des températures urbaines.
Afin de contrer ce phénomène, l’installation de toitures traditionnelles en tuiles rougeâtres sera progressivement interdite sur l’ensemble du territoire de la métropole toulousaine. Ce choix s’inscrit dans une stratégie visant à réduire les îlots de chaleur urbains.
la Métropole va désormais demander « des tuiles romanes à albédo clair »… à la méditerranéenne. Actuellement en cours d’élaboration, le futur document encadrant les règles d’urbanisme pour l’ensemble du territoire de la Métropole prévoit d’intégrer des exigences spécifiques dans le prochain PLUi-H, dont l’entrée en vigueur est envisagée pour 2026.
L’impact attendu est double : limiter les besoins en climatisation, et donc la consommation énergétique, tout en contribuant à un meilleur confort thermique, tant à l’intérieur des bâtiments qu’à l’échelle des espaces extérieurs environnants.
Une évolution durable de l’urbanisme
Dans son plan "Toulouse + fraîche", la Métropole met en avant l’importance de l’albédo, une mesure de la capacité des surfaces à réfléchir la lumière. Les futures toitures devront ainsi se conformer à des normes strictes :
- Pour les projets neufs ou rénovés, les toits inclinés devront atteindre un albédo minimum de 0,4.
- Les toits plats seront soumis à une exigence encore plus élevée, avec un albédo minimum de 0,6.
Ces dispositions seront intégrées au prochain Plan local d’urbanisme intercommunal tenant lieu de programme de l’habitat (PLUi-H), prévu pour 2026.
Qu'est-ce que l’albédo ?
L’albédo désigne la proportion de lumière solaire qu’une surface renvoie dans l’atmosphère. Plus une surface est claire, plus son albédo est élevé, c’est-à-dire qu’elle réfléchit davantage d’énergie solaire au lieu de l’absorber. À titre d’exemple, la neige fraîche a un albédo de 0,87, ce qui signifie qu’elle renvoie 87 % de la lumière qu’elle reçoit.
Cet indicateur varie selon les matériaux : les sols clairs, les zones enneigées ou les nuages ont des albédos élevés, tandis que les surfaces sombres, comme les forêts ou les routes, en ont des faibles. Ces variations influencent directement les échanges thermiques et jouent un rôle clé dans les phénomènes climatiques et énergétiques.
Des teintes respectueuses du patrimoine
Selon Toulouse Métropole, il ne s’agit pas de bouleverser l’identité visuelle de la ville. Les nouvelles toitures seront conçues pour s’harmoniser avec l’architecture locale tout en répondant aux impératifs climatiques.
La teinte noire, autrefois utilisée, sera en revanche bannie, comme le précise Annette Laigneau, adjointe au maire et vice-présidente en charge de l’urbanisme : « Nous devons bannir ces choix incohérents avec nos objectifs climatiques. »
Bien que ces transformations des toitures s’inscrivent dans une vision durable, leur impact visuel et thermique ne sera pas immédiat. Avec une durée de vie moyenne de 50 ans pour une toiture bien entretenue, il faudra plusieurs décennies pour observer ces changements à l’échelle de la métropole.
Paléficat, quartier laboratoire de l'urbanisme durable
La métropole compte imposer ces changements dans les programmes immobiliers neufs ainsi que lors des rénovations. Si les logements collectifs, bureaux et immeubles sont directement concernés par ces obligations, les maisons individuelles feront l’objet d’incitations plutôt que de contraintes.
Dans les nouveaux quartiers, comme Paléficat, dernier secteur rural de Toulouse, ces dispositions pourraient être pleinement appliquées. Ce secteur, envisagé comme un laboratoire d’urbanisme durable, pourrait devenir une vitrine des nouvelles pratiques bioclimatiques.
Des logements plus frais en un coup de pinceau ?
Alors que Toulouse Métropole légifère pour adapter les collectifs aux enjeux climatiques, certaines entreprises locales cherchent et trouvent de nouvelles techniques pour refroidir nos logements toulousains.
Parmi elles, Blanc Polaire Roofing, une société familiale basée à Toulouse, propose une solution innovante : repeindre les toits en blanc. Ce procédé, déjà en plein essor dans d'autres pays, se développe désormais dans la région, avec des résultats prometteurs.
En quête d’économies d’énergie et de solutions pour réduire la chaleur des bâtiments, l'entreprise a lancé un concept simple mais efficace : une peinture blanche spéciale appliquée sur les toitures. Cette technique, utilisée depuis des années dans des pays comme les États-Unis ou la Grèce, commence à séduire en France, et particulièrement à Toulouse.
L’un des premiers partenaires de l’entreprise est l’enseigne de restauration rapide McDonald's qui a commandé la peinture des toits de cinq restaurants en Haute-Garonne, à Fonsorbes, Colomiers, Tournefeuille, Mirail et Plaisance-du-Touch.
Comment ça fonctionne ?
La peinture utilisée, appelée Enercool, est une membrane isolante composée de matériaux spécifiques permettant une réflexion lumineuse de 80 %. Résultat : une réduction notable de la chaleur à l’intérieur du bâtiment, allant de 3 à 6 degrés, une réduction de la consommation de climatisation de 30 à 40 %, ce qui représente une économie annuelle de près de 10 % sur les factures d’énergie.
Un procédé encouragé par les réglementations environnementales
Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte réglementaire favorable. La Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) impose des normes strictes pour améliorer la performance énergétique et environnementale des bâtiments neufs. Des solutions qui deviennent incontournables, notamment pour les grands bâtiments de plus de 1 000 m², selon Thomas Jaubert, co-gérant de Blanc Polaire Roofing.
L'entreprise espère également démocratiser cette pratique auprès des particuliers. La peinture, résistante durant plus de dix ans, est posée sur des toitures inclinées (minimum 3 % de pente) et nécessite un entretien annuel. Le coût ? Entre 20 et 35 euros par mètre carré, en fonction de la surface et de l’emplacement.
Des solutions qui se multiplient
Dans une même démarche, une entreprise bretonne, PureNat, a mis au point une peinture thermo-réflective innovante fabriquée à Lorient, utilisant de la poudre de coquilles d'huîtres.
Cette peinture blanche, lorsqu'elle est appliquée sur les toitures, renvoie efficacement les rayons infrarouges, réduisant l'accumulation de chaleur dans les bâtiments. Les tests ont révélé une baisse de température pouvant atteindre 24 °C sur les surfaces extérieures et jusqu’à 7 °C à l’intérieur des habitations.
En outre, chaque mètre carré de peinture permettrait d’économiser jusqu’à 36 kg de CO₂, offrant une solution écologique et économique aux particuliers qui ne peuvent pas entreprendre de travaux d’isolation coûteux.
Évidemment, repeindre un toit ne solutionne pas tout, cette méthode se présente comme un outil efficace pour répondre aux défis du réchauffement climatique. Avec le soutien de nouvelles réglementations et une prise de conscience croissante, cette technique devrait rapidement se généraliser dans le sud de la France.
Entre les nouvelles règles d’urbanisme imposées par Toulouse Métropole et l’essor d’initiatives privées, la transformation des toitures toulousaines est bel et bien en marche. Les toits blancs ne remplaceront pas les tuiles emblématiques de la Ville rose, mais ils contribueront à dessiner une ville plus résiliente et durable face aux enjeux climatiques.
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