Quel candidat à la mairie de Toulouse construira le plus de logements ?

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Avatar Gwennaëlle BOURDON Gwennaëlle Bourdon

le 01 juillet 2020

[ mis à jour le 22 novembre 2021 ]

SOMMAIRE

À moins d’un an des municipales, la campagne électorale va bientôt commencer et permettra aux Toulousains de faire un choix de vote. Dans ce contexte, la question du logement - qui occupe une place importante dans la ville rose - nécessite un programme solide. Alors, qui sont les candidats à la mairie de Toulouse et qu'imaginent-ils pour la ville en matière de logements ?

Un maire pour Toulouse

Toulouse gagne en moyenne 5.000 nouveaux habitants par an. Avec une démographie aussi impressionnante, la ville rose doit se doter d’un plan de construction réfléchi, permettant l’accueil de ses habitants. Bien que la passage du PLU (plan local d’urbanisme) au PLUi (plan local d’urbanisme intercommunal) ait quelque peu déplacé le pouvoir décisionnel du maire en matière de construction vers l’intercommunalité, les autorisations pour les permis de construire demeurent signées par ce dernier. Autrement dit, la vision politique du maire sur la question du logement reste décisive pour l’avenir de la ville. Pour l’heure, la liste des candidats aux élections municipales de 2020 se présente comme une éventualité. En effet, tous les partis n’ont pas encore affirmé avec certitude qui sera leur représentant. Cependant, il est possible d’émettre quelques hypothèses sur la base des récentes déclarations publiques.

2020 : les candidats potentiels aux municipales toulousaines

À droite (liste Les Républicains, UDI et Radicaux), bien qu’il n’en ait pas encore donné la confirmation, Jean-Luc Moudenc pourrait tenter de briguer un nouveau mandat. À gauche (Parti Socialiste), il semblerait que Pierre Cohen ne soit pas enclin à revenir sur le devant de la scène. Aussi, c’est la 5ème vice-présidente de la région Occitanie, Nadia Pellefigue, qui devrait prendre la tête du parti avec le soutien du sénateur de la Haute-Garonne Claude Raynal. Cela sera confirmé par la procédure d’investiture qui aura lieu le 29 juin prochain. Cette dernière visera à désigner un chef de file capable de rassembler la gauche. Le PS a décidé d’étendre ce vote à l’ensemble des sections socialistes de la métropole. Ainsi, la ville de Colomiers pourra, par exemple, exprimer son avis quant à la désignation du candidat PS toulousain. Cette nouvelle procédure semble se faire aux détriments du candidat Romain Cujives, qui s’était lui aussi présenté à l’investiture PS et partait favori auprès des citoyens de la ville rose.

Par conséquent, ce dernier rejoint le mouvement Archipel Citoyen, qui rassemble déjà les candidats Antoine Maurice (Europe Écologie les Verts) et Jean-Christophe Sellin (La France Insoumise). Dans une volonté de renforcer la participation des citoyens au débat public, le collectif Archipel Citoyen a procédé, à la manière des Athéniens de l’époque antique, à un tirage au sort visant à former une liste de 69 toulousains “lambdas”. Pour y parvenir, ils ont adressé des courriers à 1.000 personnes qui devront confirmer ou infirmer leur entrée dans le mouvement. Enfin, La République En Marche sera portée par le candidat Jean-François Portarrieu, actuellement député de la 5ème circonscription de la Haute-Garonne. La liste du Rassemblement National (RN) sera quant à elle menée par Quentin Lamotte - conseiller régional d’Occitanie - en remplacement de Serge Laroze. Aucun nom n’a été avancé pour une possible liste d’extrême gauche.

Un premier sondage de l’Ifop donne J.L Moudenc vainqueur

608 électeurs ont été interrogés par l’institut de sondage Ifop (institut d’études opinion et marketing) pour le média Cnews concernant leurs intentions de vote. Selon cette étude, c’est l’actuel maire Jean-Luc Moudenc qui est crédité de la plus forte intention de vote avec 36% des voix. Il est suivi du Parti Socialiste, qui récolte 15% des suffrages si Claude Raynal devient son chef de file. En troisième position, c’est Archipel Citoyen qui tire son épingle du jeu avec 14% des votes dans l’hypothèse où Antoine Maurice (EELV) serait la tête de liste de ce mouvement hétéroclite.

Jean-Luc Moudenc (LR, UDI, Radicaux)

Déjà élu maire de Toulouse à deux reprises (2004 et 2014), Jean-Luc Moudenc avait, lors de sa seconde campagne électorale, insisté sur son envie de soutenir l’accession à la propriété. Il avait notamment souligné qu’à l’époque, seuls 30% des Toulousains étaient propriétaires de leur logement. Pour augmenter ce taux, il a mis en place un prêt à taux zéro toulousain - moins restrictif que le PTZ national - et a donné de la visibilité au dispositif de “location-accession”, qui offre la possibilité aux locataires de HLM de se porter acquéreurs de leur lieu de vie.

Bilan des 5 années de mandat

Dans le magazine d’informations “À Toulouse” du mois de juin 2019, l’équipe municipale de Jean-Luc Moudenc revient sur les “5 ans de progrès” réalisés entre 2014 et 2019. Concernant l’accès au logement, Jean-Luc Moudenc rappelle, en qualité de directeur de la publication, qu’il existe 54.076 logements sociaux à Toulouse au 1er janvier 2018 : c’est 11.8% de plus qu’en 2014. La collectivité a également mis un point d’honneur à développer la construction de logements “très sociaux” - réservés aux ménages à faible revenu - et de logements étudiants, qui font de Toulouse un nouvel eldorado pour les investisseurs. En 2018, 456 logements “très sociaux” et 1.537 logements étudiants ont ainsi été livrés. À l’échelle du mandat de Jean-Luc Moudenc, la construction de logements très sociaux a augmenté de 20% par rapport à 2014 (1.925 logements) selon le journal municipal. Par ailleurs, 791 logements ont été construits entre 2014 et 2019 par Toulouse Métropole Habitat.

Et pour 2020 ?

Approuvé par le conseil de Toulouse Métropole dont Jean-Luc Moudenc est le président, le nouveau PLUi prévoit la construction de 3.500 logements par an au sein de la ville à compter de 2020. Le média local Actu.fr note que cet objectif, bien qu’élevé, est inférieur aux 4.647 logements achevés en 2016.

Nadia Pellefigue (PS)

Dans le parti “UNE” (“une nouvelle énergie”) qu’elle avait créé pour s’autonomiser du Parti Socialiste, Nadia Pellefigue prônait une méthode basée sur l’intelligence collective pour déterminer sa politique du logement. Il était question de débattre des sujets d’importance au sein de groupes de quartier composés d’experts et surtout d’usagers. Désormais en binôme avec Claude Raynal au sein du PS, celle qui est actuellement chargée du développement économique, de la recherche, de l’innovation et de l'enseignement supérieur au sein du conseil régional, devrait adopter les objectifs de son camp décrits dans le programme “Construire ensemble notre projet. Nos ambitions pour Toulouse et sa Métropole”. Par ailleurs, la Fédération du Parti Socialiste de la Haute-Garonne a mis en place des “Ateliers militants” pour construire le projet toulousain et métropolitain. Ainsi, le 7 février dernier avait lieu l’atelier intitulé “Comment améliorer la vie quotidienne ?” qui abordait notamment la question du logement. Pour l’heure, il n’existe aucun compte rendu de cette réunion permettant de connaître l’opinion des participants.

Archipel Citoyen, rassemblement de la gauche

Archipel Citoyen se présente comme une “démarche citoyenne, ouverte et participative pour les municipales 2020 à Toulouse”. Fondé en 2017, le mouvement aspire à remplacer la politique descendante par une politique ascendante : qui irait du peuple vers les élus. Pour ce faire, Archipel Citoyen a choisi une méthode déjà éprouvée en Grèce antique : le tirage au sort des représentants parmi la population. Conquis par cette méthode et par les valeurs du collectif, plusieurs candidats s’y sont ralliés :

Antoine Maurice (EELV)

Conseiller municipal à la mairie de Toulouse, Antoine Maurice est le président du groupe écologiste “Toulouse Vert Demain”. Il est également conseiller métropolitain au sein de Toulouse Métropole. Au cours de la campagne électorale de 2014, pour laquelle il s’était déjà porté candidat, Antoine Maurice disait vouloir lutter contre l’étalement urbain. Il prônait ainsi une densification qui pourrait se faire “à l’échelle humaine”. Par ailleurs, il s’était montré favorable à l’encadrement des loyers dans la ville, arguant que le marché immobilier connaît une forte tension immobilière et que le parc social n’arrive plus à répondre à la demande des ménages. Il avait enfin manifesté son attachement pour le déploiement de l’accession à la propriété et à l’habitat coopératif. Avec 22% des voix aux élections européennes à Toulouse, Europe Écologie les Verts ne se proclame néanmoins pas vainqueur. Le mouvement a conscience qu’il faut unir les forces de gauche pour parvenir à contrer le maire sortant, Jean-Luc Moudenc. C’est dans cette optique qu’Antoine Maurice a adhéré au mouvement sans étiquette Archipel Citoyen.

« Oui l'écologie peut être le projet autour duquel on rassemble pour proposer l'alternative et on doit rester humble et ouvert. Et on ne dit pas 'venez autour d'EELV' on dit aujourd'hui rassemblons-nous autour d'un projet commun. C'est aux autres de se positionner... Si chacun se contente de désigner des chefs de file et de dire 'Rassemblons-nous ! Rassemblons-nous ! Sans dire comment, on n'y arrivera pas ».
Extrait de l’article ”Municipales à Toulouse : et si vous étiez tirés au sort pour participer à une liste citoyenne ?”, publié le 7 juin 2019 sur France Bleu Haute-Garonne.

Jean-Christophe Sellin (LFI)

Selon une déclaration de Jean-Christophe Sellin en 2014, nous vivons une crise du logement semblable à celle connue en France après-guerre. Conseiller régional d'Occitanie depuis 2016 et co-créateur du Front de gauche, il se dit pour un urbanisme et une densification maîtrisés, qui répondent néanmoins à la demande des nouveaux arrivants. Il propose ainsi de réquisitionner les logements vacants pour pouvoir loger l'ensemble de la population. Par ailleurs, il juge nécessaire de demander aux occupants des lieux quels sont leurs besoins afin d’adapter l’habitat en conséquence. Enfin, pour Jean-Christophe Sellin, une municipalité a un rôle à jouer dans la baisse des loyers ainsi que dans la construction de logements sociaux. Depuis la mi-juin, les militants de La France Insoumise ont rejoint le collectif Archipel Citoyen pour les élections municipales de 2020.

« Effectivement le processus est engagé et nous avons décidé de nous inscrire dans la démarche d'Archipel. Aujourd'hui la réalité nous rattrape sur les questions d'écologie, de transports, de logement, et nous devons répondre à ces préoccupations avec de nouvelles propositions ».
Extrait de l’article “Municipales à Toulouse : la France Insoumise et Romain Cujives (PS) rejoignent le collectif Archipel Citoyen”, publié le 21 juin 2019 dans La Dépêche.fr.

Romain Cujives (PS)

Conseiller municipal à Toulouse et conseiller communautaire de Toulouse Métropole, Romain Cujives partait favori dans les sondages lorsqu’il était affilié au Parti Socialiste. Toutefois, devant le changement de méthode visant à nommer le représentant du parti - élargissement à l’ensemble des communes de la métropole - il a préféré rejoindre Archipel Citoyen.


Toulousain de naissance, Romain Cujives vient de publier un livre intitulé “Un chemin pour Toulouse” dans lequel il dévoile 200 idées pour la ville. Pour ce qui est du logement, le candidat dit souhaiter extraire Toulouse de la logique des promoteurs et de la défiscalisation immobilière. Il défend également la possibilité d’un encadrement des loyers au sein de la ville rose, à laquelle l’actuelle équipe municipale s’était opposée.

« J'ai une conviction : à Toulouse, nous pouvons inventer le laboratoire nouveau du rassemblement des gauches et le nouveau système de travail entre les citoyens et les partis politiques (...). En gardant comme un bien précieux notre singularité et notre histoire commune, nous voulons écrire une page nouvelle de l'écologie et de la gauche à Toulouse en nous inscrivant dans la démarche innovante et enthousiasmante portée par Archipel Citoyen ». .
Extrait de l’article “Municipales : Romain Cujives et LFI rejoignent Archipel Citoyen à Toulouse”, publié le 21 juin 2019 sur La Tribune Occitanie - Toulouse.

Jean-François Portarrieu (LREM)

Originaire d’Aucamville, Jean-François Portarrieu est actuellement député de la 5ème circonscription de la Haute-Garonne. Il a récemment affiché, à l’Assemblée Nationale, son intérêt pour une application plus juste de la loi SRU (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains). Il a ainsi interpellé Nicolas Hulot quant aux quotas de logements sociaux fixés par la loi SRU. En effet, il trouve inéquitable que certaines communes profitent d’un régime dérogatoire du fait d’avoir 50% de leur territoire urbanisé en zone inondable tandis que des communes légèrement en dessous de ce taux (48% par exemple) n’en profitent pas. Il propose ainsi que soit mis en place un régime dégressif, précisant : “L’application du quota de logements sociaux se ferait alors en fonction du pourcentage de surface inconstructible du territoire urbanisé et permettrait aux communes concernées d’obtenir une marge de manœuvre qui les aiderait dans le respect de la loi”. Cela permettrait de gommer les difficultés rencontrées par certaines communes, qui, malgré une surface constructible petite et dense, se doivent d’atteindre les 25% de logements sociaux fixés par la loi SRU. Pour ce qui est de la construction de logements, Jean-François Portarrieu devrait suivre le programme de La République En Marche, à savoir : construction massive de nouveaux logements pour créer un choc d’offres là où les besoins sont les plus grands.

Quentin Lamotte (RN)

Candidat du Rassemblement Bleu Marine aux élections législatives de 2017, Quentin Lamotte est actuellement élu à l’assemblée régionale d’Occitanie. Il succède à Serge Laroze, qui, tête de liste aux dernière élections, mettait en cause le manque de concurrence entre les promoteurs du fait de l’absence de foncier. De son côté, Quentin Lamotte affirmait, dans une interview donnée à La Dépêche, vouloir défendre avec ferveur l’ensemble des engagements que Marine Le Pen a formulé pour “remettre la France en ordre en 5 ans”. Aussi, à l’opposé d’une politique gouvernementale jugée “nomade et précaire” - bail mobilité dans le viseur - Quentin Lamotte propose de faciliter l’accès à la propriété en renforçant les dispositifs de prêts aidés et en améliorant les conditions de rachat des logements sociaux par les locataires. De plus, le RN devrait s’appliquer à mettre en place un grand programme de construction de logements qui sera financé notamment par le fonds de réserve pour les retraites. Ce programme comprendra aussi le logement étudiant (proposition n°140). Le parti propose également de rationaliser et de simplifier les normes de construction afin de résorber les tensions sur le marché du logement tout en respectant les normes concernant l’accessibilité des personnes en situation de handicap (proposition n°143).

SOURCES

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