Tour Occitanie à Toulouse : le projet va-t-il connaître des avancées en 2023 ?
SOMMAIRE
- Tour Occitanie à Toulouse : qu'est-ce que c’est ?
- Le premier gratte-ciel toulousain
- Un projet intégré dans le quartier d’affaires du Grand Matabiau
- Ce que va abriter la tour
- Tour Occitanie à Toulouse : de vives oppositions
- Ce qui est reproché au projet
- De longues batailles judiciaires
- Le bâtiment squatté en marge du mouvement contre la réforme des retraites
L’avenir de la Tour Occitanie à Toulouse semble incertain. Ce projet de création d’une tour de 150 mètres de hauteur dans les environs de la gare Matabiau, a vocation à devenir un emblème du dynamisme économique Toulousain. Celui-ci sera par ailleurs intégré au projet d’urbanisme du Grand Matabiau, qui tend à faire des alentours de la gare un véritable quartier d’affaire pour la Ville rose.
Mais rien ne semble gagné en ce qui concerne cette tour, qui rencontre de vives oppositions de la part d’une partie de la population toulousaine. Pollution, incohérence esthétique, gentrification... les reproches sont multiples, tant et si bien que les recours en justice se multiplient. Où en est donc ce projet emblématique de la promotion immobilière à Toulouse en cette année 2023 ?
Tour Occitanie à Toulouse : qu'est-ce que c’est ?
Le projet de la Tour Occitanie à Toulouse est particulièrement riche. De son architecture à son contenu, cet édifice intégré dans le quartier du Grand Matabiau a vocation à devenir un emblème du dynamisme de l’économie toulousaine.
Le premier gratte-ciel toulousain
La Tour Occitanie de Toulouse devrait devenir le véritable premier gratte-ciel de la Ville rose. D’une hauteur de 150 mètres, ce bâtiment d’une superficie de 30 000 mètres carrés et d’une hauteur de 40 étages sera le plus haut de la Métropole. L’architecture du bâtiment se veut tout à fait unique : il faut en effet savoir qu’elle a été conçue par Daniel Libeskind, l’architecte du “One World Trade Center” de New York.
À ce célèbre architecte s’ajoute au projet la Compagnie de Phalsbourg, un incontournable de l’immobilier commercial en France. Un architecte paysagiste, Nicolas Gilsoul joue, lui aussi, un grand rôle dans l’esthétique de la Tour Occitanie. Jean-Luc Moudenc a également insisté pour que des acteurs de l’immobilier toulousains travaillent sur le projet et c’est le cabinet Kardham Cardete Huet qui a été retenu pour cette aventure.
La Tour Occitanie tend en effet à devenir un symbole du dynamisme économique et de l’attractivité de Toulouse, et donc à attirer le regard. Elle sera ainsi composée de “rubans” tournant autour d’eux-mêmes, avec une partie végétalisée s'entremêlant avec de grandes verrières. Cette partie boisée devrait faire un rappel avec les nombreux arbres qui parsèment les rives du Canal du Midi.
Un projet intégré dans le quartier d’affaires du Grand Matabiau
La tour Occitanie de Toulouse tend à s’intégrer dans un projet de plus grande ampleur, qui refléterait les ambitions économiques de la Ville rose : celui du quartier d’affaires du Grand Matabiau. La Métropole souhaite en effet créer un véritable bassin d’emploi, enrichi de logements et de commerces, autour de la gare Matabiau, une des principales portes d’entrées de Toulouse.
La création de ce grand quartier d’affaires vise à accompagner l’arrivée de la LGV Bordeaux-Toulouse, qui rapprocherait notamment la Ville rose de la capitale en raccourcissant le temps de trajet à 3 heures.
Ce projet inclue le réaménagement complet de la Gare Matabiau, notamment avec la création d’une plateforme d’échanges avec la ligne C du métro, qui tend à desservir les principaux emplois de la Métropole.
En plus de cela, le Grand Matabiau inclue également le réaménagement des berges du Canal du Midi, ainsi que la création de nouveaux logements dans les environs immédiats. Nombre d’entre eux seront créés dans les alentours de l’avenue de Lyon, raison pour laquelle tant de démolitions y ont été effectuées ces derniers temps. En bref, le Grand Matabiau tend à devenir une vitrine de la Ville rose.
Ce que va abriter la tour
La Tour Occitanie sera un immeuble mixte et hybride qui regroupera diverses activités, notamment dans le secteur du ferroviaire. Des bureaux de la SNCF seront notamment localisés au rez-de-chaussée de la tour, ce qui s’explique notamment par la proximité du gratte-ciel avec la gare, et par le fait qu’elle tend à remplacer d’anciens locaux de la compagnie de chemin de fer.
Le reste du socle de la tour devrait également accueillir 2000m² de commerces, inscrivant une continuité avec les nouvelles galeries commerciales de la gare Matabiau. L’activité commerciale de la Tour Occitanie ne s’arrête cependant pas au rez-de-chaussée. En effet, ce sont près de 13 000 m² de bureaux qui doivent investir les lieux. De même, un grand restaurant-bar panoramique est prévu sur les sommets du gratte-ciel.
Une grande partie de la Tour Occitanie sera réservée à de l’hébergement de luxe. Celle-ci devrait en effet accueillir un hôtel Hilton sur plusieurs étages. 100 à 120 logements de prestige proposant des vues imprenables sur la Ville rose seront également au programme. Seulement, la tour devait originellement être livrée en 2022. Et au moment de la rédaction de cet article, en mai 2023, les travaux n’ont toujours pas débuté.
Tour Occitanie à Toulouse : de vives oppositions
Si le projet a tant de retard, c’est notamment parce qu’il est loin de faire l’unanimité. De longues batailles judiciaires sont en cours, et, depuis peu, des militants occupent un des bâtiments qui doivent être rasés pour permettre la construction du gratte-ciel.
La justice devra se prononcer en appel et nous présenterons de nouveau nos solides arguments contre ce projet de #TourOccitanie contraire aux exigences actuelles de #sobriété et de justice sociale.#Toulouse https://t.co/AH2tFfaxfS
— NonTourOccitanie (@NonALaTourOccit) December 29, 2022
Ce qui est reproché au projet
Plusieurs reproches ont été émis par les opposants au projet. Celui qui se fait le plus entendre regarde les émissions polluantes que causerait le projet. Les opposants craignent notamment que le gratte-ciel ne crée un goulot d’étranglement pour les automobilistes et augmente ainsi la pollution atmosphérique, à l’heure de la ZFE. De même, le projet ne respecterait pas assez la Trame Verte et Bleue, un outil permettant de maintenir des couloirs de circulations pour les espèces animales et végétales.
De plus, l’architecture originale de la tour ne fait pas l’unanimité et, comme l’on peut s’y attendre dans la Ville rose, où les immeubles sont généralement bas, certains riverains dénoncent le caractère “démesuré” de l’édifice. Celui-ci serait en effet visible des quatre coins de l’agglomération. Les opposants estiment aussi que la Tour Occitanie ne respecte pas l’identité visuelle du quartier, et ne s’intègre donc pas assez avec le bâti existant.
De par ses ambitions, la Tour Occitanie pourrait également causer un véritable phénomène de gentrification dans le quartier, historiquement populaire, qui était principalement habité par des cheminots. L’absence de logements sociaux dans le gratte-ciel est aussi pointée du doigt. De même, certains estiment qu’elle pourrait causer une hausse des prix dans l’ensemble de l’agglomération.
De longues batailles judiciaires
Les opposants à la Tour Occitanie n’ont pas fait taire leur mécontentement vis-à-vis du projet. Un long feuilleton juridique, comportant de nombreux recours, a ainsi débuté. Il est porté par le collectif “Non au Gratte-Ciel de Toulouse”, ainsi que par les associations “Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées”, “Droit au Logement” et “France Nature Environnement Midi-Pyrénées”.
Le premier d’entre eux, un recours gracieux émis en septembre 2019 à la mairie de Toulouse, sera rejeté par le maire le mois suivant. Le second recours sera, lui, contentieux, et portera sur l’absence de logements sociaux dans le gratte-ciel. Il est toujours pendant devant la Cour Administrative de Bordeaux En fin d’année 2019, un troisième recours contentieux est émis pour demander l’annulation pure et simple du permis de construire de la Tour Occitanie.
Depuis, le bras de fer perdure entre les opposants et les acteurs du projet autour de ce troisième recours. Après un rejet par le tribunal administratif de Toulouse en juin 2022, les opposants ont formé un pourvoi devant le Conseil d’État. Celui-ci s’est déclaré incompétent pour connaître de cette affaire, et l’a renvoyée devant la Cour Administrative d’Appel de Toulouse. Depuis, le projet est toujours au point mort.
Le bâtiment squatté en marge du mouvement contre la réforme des retraites
Le bâtiment du 62 boulevard Pierre Semard, un local proche de la gare et auparavant utilisé par la SNCF, est squatté depuis le 1er mai. Une centaine de personnes s’y est rendue à la suite de la manifestation du 1er mai et y a organisé un concert, avant de l’occuper de façon permanente. Et il faut savoir que ce bâtiment va être rasé afin de laisser le terrain libre à la construction de la Tour Occitanie.
Ce mouvement d’occupation militant a lieu en marge du mouvement contre la réforme des retraites. Les squatteurs veulent y créer une “maison du peuple”, un lieu de vie pour le mouvement destiné à organiser leurs futures actions. Le choix du lieu vise également à empêcher la construction de la Tour Occitanie, présentée comme un symbole du luxe à un moment où les fractures sociales ne font que gagner en intensité.
Difficile, donc, d’estimer quand le projet de la Tour Occitanie sera finalisé, ou bien s’il le sera, à l’heure actuelle. La construction ne pourra pas être entamée tant que les recours ne seront pas purgés. Aucune date n’a actuellement été communiquée quant aux examens des recours à venir.
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