Une refonte plus verticale du projet de Paléficat à Toulouse
Pierre Ferreiro
SOMMAIRE
En lisière de Toulouse, le quartier de Paleficat se distingue comme l'ultime quartier conservant un caractère rural, témoignant d'un passé où nature et urbanité coexistaient harmonieusement. Aux portes de la ville, ce secteur est aujourd'hui au centre d'un projet d'urbanisation d'envergure, initialement envisagé pour accueillir 7000 logements et près de 15000 nouveaux habitants, ambitionnant de répondre aux besoins croissants en habitat tout en dynamisant l'économie locale par la création d'emplois.
Cependant, confronté à des impératifs environnementaux de plus en plus pressants, le projet a dû être repensé de fond en comble. La loi Climat et Résilience, adoptée pour limiter l'impact écologique de l'urbanisation, impose une réduction significative de la consommation des espaces naturels, menant à une révision à la baisse du nombre de constructions prévues.
Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le développement de Paléficat, qui illustre la complexité de concilier développement urbain et préservation de l'environnement. Ce projet emblématique de l’immobilier neuf à Toulouse pose les bases d'une réflexion sur l'avenir des quartiers périphériques de grandes villes face aux défis écologiques actuels.
Le projet Paléficat initial
Un paysage rural
Paleficat, quartier niché au nord-est de Toulouse, est un espace où le temps semble avoir suspendu son vol, préservant un cadre de vie où champs et nature dominent encore le paysage. Historiquement, cette zone a toujours été considérée comme une échappatoire rurale au sein d'un environnement urbain en constante expansion.
La proximité avec des zones développées telles que Borderouge, ainsi que la grande commune de L’Union, souligne le contraste entre le calme pastoral de Paleficat et le dynamisme des secteurs environnants. C'est dans ce contexte que le projet initial d'urbanisation de Paleficat fut conçu, visant à intégrer ce dernier bastion de verdure dans le tissu urbain croissant de la métropole toulousaine.
Un projet d’urbanisation intensive
Le projet Paleficat tel qu’il était conçu à l’origine promettait la création de 7000 logements destinés à accueillir environ 15 000 nouveaux habitants, marquant une étape significative dans le développement résidentiel de la ville. Au-delà de la simple construction de logements, l'ambition était de créer un équilibre entre zones d'habitation, espaces verts et infrastructures, incluant la mise en place de 3000 emplois au sein du quartier, sur une emprise totale de 120 hectares.
Cette vision se voulait être une réponse directe à la croissance démographique soutenue que connaît Toulouse, cherchant à allier expansion urbaine et qualité de vie. Le cœur de ce projet résidait dans son aspiration à transformer une zone essentiellement agricole en un quartier vivant et moderne, tout en veillant à respecter l'identité et l'âme de Paleficat.
La planification incluait des initiatives pour préserver les caractéristiques écologiques et patrimoniales du site, faisant de la durabilité un pilier central de la démarche. Les promoteurs du projet, soucieux de l'intégration harmonieuse de cette nouvelle urbanisation, envisageaient notamment des constructions à faible impact environnemental, promouvant une mobilité douce et une biodiversité enrichie.
Cependant, malgré ces intentions louables, le projet initial de Paleficat n'allait pas sans susciter des interrogations et des défis, notamment en termes d'impact écologique et de cohésion avec le cadre existant. La balance entre développement nécessaire et conservation de l'espace naturel allait devenir un enjeu majeur, révélant la complexité de planifier l'avenir d'un quartier à la croisée des chemins entre tradition et modernité.
Un collège a néanmoins déjà été bâti dans le quartier afin de pallier au manque d’établissements scolaires dans le secteur.
Révision et adaptation du projet
L’influence de la loi Climat et Résilience
L'adaptation du projet Paleficat s'inscrit dans un contexte environnemental et législatif en mutation, marqué par l'entrée en vigueur de la loi Climat et Résilience. Cette loi ambitieuse, visant à réduire de 50% la consommation foncière d'ici 2031 et à atteindre un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050, a imposé une reconsidération profonde des plans d'urbanisation à Toulouse, et Paleficat ne fait pas exception.
Confrontée à ces nouvelles exigences, la ville de Toulouse a pris la décision de réduire de moitié le projet initial de développement du quartier.
Les modifications apportées au projet
Le projet Paleficat révisé prévoit désormais la construction de 4500 logements au lieu des 7000 initialement envisagés, réduisant ainsi l'empreinte écologique du développement. La surface de terre consommée passe de 60 à environ 35 hectares, une mesure radicale en faveur d’une croissance urbaine plus durable. Cette décision ne s'est pas faite à la légère mais résulte d'un compromis entre la nécessité de répondre à la demande croissante en logements à Toulouse, récemment élue ville la plus attractive de France, et l'impératif de préserver les espaces naturels et de limiter l'étalement urbain.
La révision du projet Paleficat illustre également un changement dans l'approche de l'urbanisation, privilégiant désormais la densité à l'expansion. Le nouveau plan met l'accent sur une architecture plus verticale, avec des bâtiments pouvant atteindre 40 mètres, une hauteur considérée jusqu'alors comme exceptionnelle pour le quartier.
Cette orientation vers le haut vise à optimiser l'utilisation de l'espace urbain disponible, tout en ménageant des zones vertes et des espaces publics qui favorisent la biodiversité et le bien-être des résidents. La concertation avec les habitants et les parties prenantes a joué un rôle important dans la redéfinition du projet. Cependant, les associations locales restent préoccupées, notamment en raison de la hauteur des bâtiments.
Bien que le projet réduit ait soulevé de nouvelles interrogations, notamment sur l'impact visuel et l'intégration paysagère des bâtiments plus hauts, la ville s'est engagée à travailler en étroite collaboration avec les urbanistes pour assurer une transition harmonieuse entre les zones construites et les espaces naturels environnants.
Réactions et concertations
La révision du projet d'urbanisation de Paleficat, si elle a été une réponse nécessaire aux impératifs environnementaux et législatifs, n'a pas manqué de susciter des réactions variées au sein de la communauté locale.
L'annonce d'une densification accrue, avec des bâtiments pouvant s'élever jusqu'à 40 mètres, a notamment alimenté les débats, reflétant les préoccupations des habitants quant à la préservation de l'identité rurale et paisible de leur quartier. Face à ces inquiétudes, la municipalité et les aménageurs ont initié un processus de concertation approfondi, cherchant à harmoniser les visions et à intégrer au mieux les suggestions des riverains.
L'association Vivre à Paleficat, porte-voix des résidents, a exprimé des réserves quant à l'impact de la densification sur la qualité de vie. Si la réduction du nombre de logements a été perçue comme une victoire partielle, l'augmentation de la hauteur des constructions est restée un point de contention majeur. L'association a plaidé pour une approche plus mesurée, suggérant que le développement privilégie la cohésion avec le paysage existant et maintienne les rives de l’Hers en l’état, pour ne pas dénaturer le caractère unique du quartier.
En réponse, une série de réunions de concertation a été organisée, rassemblant habitants, représentants municipaux, urbanistes et écologistes. Ces échanges vont permettre de clarifier les objectifs du projet révisé et d'explorer des compromis, comme la disposition stratégique des bâtiments plus hauts pour minimiser leur impact visuel et la création de zones tampons vertes pour préserver l'intimité des zones résidentielles existantes. La concertation préalable à la création de la future zone d’aménagement concertée aura lieu en septembre 2023.
Une des dernières extensions de la Ville rose
Le projet de transformation de Paleficat marque une étape importante dans le développement urbain de la Ville rose. Ce futur quartier, qui sera bâti sur une des dernières zones maraîchères de la ville rose, devrait constituer l’une des dernières artificialisations de foncier par la ville de Toulouse.
En effet, désormais, afin de respecter, l’objectif du Zéro Artificialisation Nette, il est nécessaire de "reconstruire la ville sur la ville”. Le secteur de Paleficat, au Nord de la ville, constituera ainsi l’une des dernières extensions de la ville de Toulouse. Celle-ci s’étend, en parallèle, au Sud, avec le quartier de Montaudran qui se prolonge le long du Faubourg Malepère, où les maisons individuelles avec jardins et anciennes parcelles agricoles laissent place aux immeubles de logements collectifs.
La reconversion de foncier constituera dorénavant la principale source de logements neufs à Toulouse. À l’heure actuelle, des logements se construisent ainsi sur le site de l’ancien CEAT sur le quartier Guillaumet et à la Cartoucherie. Des projets sont en réflexion dans le secteur de Compans-Caffarelli, notamment celui de Brouardel-Canal du Midi-Sébastopol ainsi que la reconversion du site de la Cité Administrative.
Toulouse devrait ainsi avoir tendance à devenir de plus en plus verticale au fur et à mesure des années, en dépit des craintes des riverains habitués à des petits bâtiments. La tension locative y est si forte que les étudiants peinent à trouver des logements que la ville est passée en zone A du dispositif Pinel. La construction de logements neufs est donc nécessaire, et celle-ci devra se faire en hauteur afin de respecter les principes du Zéro Artificialisation Nette.
